“Nous nous dirigeons vers le pire des scénarios”
Dans un mois, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne, probablement sans accord. Ce sera le dénouement d’un drame qui a connu de nombreux rebondissements et renversements inattendus. Les entreprises doivent se préparer au scénario le moins favorable.
Depuis le début de la saga autour du Brexit, nous nous sommes habitués à l’actualité économique négative, aux sondages d’opinion inquiétants et aux débats parlementaires qui n’augurent rien de bon à Londres. Ces dernières semaines ont elles aussi été marquées par des rebondissements surprenants. Le suspense n’a jamais été aussi grand. Le “Brexit Day” tombe le 29 mars, et ce jour est proche.
Aucun accord n’a été ratifié entre les partenaires. Pourtant, l’Union européenne et le Royaume-Uni avaient atteint un compromis en novembre 2018 sur le traité de sortie. La Grande-Bretagne continuerait, après le Brexit Day, à faire partie d’une sorte d’union douanière avec l’Union européenne. Until and unless le Royaume-Uni et l’Union européenne trouvaient une solution pour garder la frontière irlandaise ouverte, donc sans postes de douane et les formalités qui en découlent.
Ce “backstop” a dès le départ posé des problèmes aux négociateurs. La perspective du maintien d’une sorte d’union douanière pendant une durée indéterminée ne pouvait être envisagée par les Brexiteers les plus convaincus. Au parlement britannique, les débats se sont enflammés. Finalement, la Première ministre Theresa May a réuni tout juste la majorité derrière sa proposition de réouverture du traité de sortie et de recherche d’un règlement alternatif au problème de la frontière irlandaise.
L’Union européenne a réagi rapidement et de manière tranchée. Il n’aurait su être question d’une renégociation du backstop irlandais. La préoccupation britannique peut très bien, selon l’Europe, trouver une réponse dans la seconde phase des négociations sur le Brexit. Celles-ci démarreront quand l’accord de sortie entrera en vigueur.
Le 14 février, la Première ministre a subi un premier revers important lorsque le parlement a rejeté sa stratégie de négociation avec Bruxelles. Le gouvernement n’était pas encore prêt à exclure le no-deal. La crainte d’un crashing out n’a dès lors fait qu’augmenter tant au sein des entreprises britanniques que dans le monde politique, y compris au sein du gouvernement britannique. La menace de démission de 15 de ses ministres a poussé Theresa May à accepter un vote afin d’exclure le no-deal. May a par ailleurs continué à négocier avec l’UE, même si Bruxelles en attend peu désormais. à Londres, les débats parlementaires du 12, 13 et 14 mars doivent faire la lumière sur la situation. La date de l’accord entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne a entre-temps été reportée au Conseil européen des 21 et 22 mars.
L’horloge tourne. Le précipice est proche. Les Britanniques y tomberont-ils? L’affirmer serait prématuré. Peut-être Londres a-t-elle plusieurs options dans sa manche, qui lui permettraient d’éviter le chaos le 29 mars. Un prolongement des négociations, un référendum, de nouvelles élections au Royaume-Uni, et d’autres pistes sont encore envisageables.
L’UE n’a jamais privilégié le no-deal et cela ne devrait pas changer. Mais chacun des plans B soumis par Theresa May doit passer un double test. L’intégrité du marché intérieur et le respect des quatre libertés (libre circulation des biens, services, personnes et capitaux) ne sauraient être compromis. Sur ces principes, l’UE a peu de marge de manœuvre.
Négocier rime avec anticiper et projeter. Même avec un accord, une frontière sera rétablie entre les îles britanniques et le continent; elle impliquera des formalités douanières, des retards à la frontière, une autre réglementation sur la normalisation et la certification des produits, etc. Actuellement, rien ne semble indiquer qu’un accord négocié sera trouvé. Les entreprises sont dès lors invitées à se préparer d’urgence au scénario le plus défavorable: un Brexit sans accord.