AVIS: JAN GRAULS & FRANKY DE PRIL
L’après-Brexit:
oubliez le "business as usual"
Le Royaume-Uni quittera-t-il l’Union européenne avec ou sans accord? Les deux options sont porteuses de risques et d’opportunités pour les entreprises des deux côtés de la Manche. Mais il faut vous y préparer. Au-delà des conteneurs qui devront passer par la douane, il se pourrait que vous ne puissiez plus partager des applications cloud avec vos clients outre-Manche sans autres formalité.
Le 29 mars, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. Ce sera le dénouement d’un processus entamé voici plus de deux ans avec le référendum sur le Brexit. Depuis, les Britanniques et l’UE négocient un nouvel accord. Celui-ci doit être trouvé en novembre pour pouvoir ratifier le traité de sortie dans les délais impartis.
Où en sont ces négociations? Commençons par la bonne nouvelle. Un accord existe ou est à portée de main dans la plupart des domaines. Les Britanniques établis dans l’Union européenne et les Européens installés au Royaume-Uni conserveront leur statut. Londres accepte par ailleurs de respecter ses engagements financiers en cours d’environ 39 milliards d’euros après sa sortie de l’Union. En matière de sécurité, de politique étrangère et de lutte contre le terrorisme et la criminalité, les liens privilégiés seront maintenus.
Questions importantes
Les négociations n’ont en revanche pas abouti sur deux questions importantes, loin de là. En premier lieu sur la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. L’autre question est celle des futures relations commerciales. Le Royaume-Uni veut en effet mener sa propre politique commerciale et souhaite dès lors quitter l’union douanière et le marché unique.
Les négociations sont lentes et difficiles. Et les Européens ne sont pas en cause. Dès après le référendum, l’UE a fait connaître sa position en toute transparence. Mais le Brexit a tellement divisé les politiques britanniques que, longtemps, les négociateurs n’ont pas eu de mandat clair. Un accord interne au Royaume-Uni n’a été trouvé qu’en juillet… et même cet accord n’est pas dénué de controverses. Les esprits se sont échauffés lors du récent sommet européen de Salzbourg, bien que les deux parties aient confirmé leur position désormais connue. A présent, la poursuite des négociations sur le Brexit est avant tout entre les mains du Royaume-Uni. L’UE, quant à elle, est prête.
Inquiétude dans les entreprises
Les entreprises des deux côtés de la Manche suivent ces négociations avec attention. Elles recherchent des solutions pour maintenir leurs flux de marchandises, éviter un allongement des délais d’attente aux ports, limiter les coûts supplémentaires comme les droits de douane, une hausse des factures de transport et la nécessité d’accroître les stocks. La City s’inquiète beaucoup des services qu’elle pourra continuer à proposer à l’avenir.
Pour certains, un « no deal » est un scénario réaliste. La Commission européenne et le gouvernement britannique ont publié des notes à ce propos afin de permettre aux entreprises de s’y préparer. Une solution négociée demeure malgré tout l’objectif premier. Dans une atmosphère sereine de respect et de confiance mutuels, elle est parfaitement envisageable. Avec un peu de créativité, les négociateurs démêleront assurément les derniers nœuds.
Etablissez un plan
Cependant, avec ou sans accord, le Brexit aura bel et bien lieu. Les deux scénarios impliquent des relations commerciales assez nouvelles avec vos partenaires britanniques. Oubliez le « business as usual ». Il y aura à nouveau des droits de douane et des formalités douanières, les transactions financières se dérouleront différemment, les expatriés se retrouveront dans une situation inédite. Sans accord, le Fonds monétaire international évoque carrément un « chaos ».
Votre entreprise a tout intérêt à cartographier ses liens avec le Royaume-Uni. Combien de clients britanniques avez-vous? De quels fournisseurs êtes-vous dépendant? Avez-vous des contrats en cours relevant du droit britannique? Vos exportations dépendent-elles de certificats UE qui pourraient perdre leur validité? Établissez un plan.
Veillez en outre à pouvoir déployer votre plan immédiatement. N’hésitez pas à anticiper. À partir du 30 mars 2019, les nouvelles conditions seront d’application dans le traitement des formalités douanières, le trafic des paiements et la législation applicable à vos contrats.
EY accompagne quelque 300 entreprises des deux côtés de la Manche dans leurs préparatifs liés au Brexit. Le spécialiste tient compte de tous les risques possibles. Son approche se décline en trois étapes: une énumération des risques avec priorités et probabilités, des solutions sur mesure, et enfin la préparation active. Malgré les nombreux points d’interrogation qui subsistent, les entreprises peuvent déjà se préparer activement au Brexit, par exemple pour ne pas devoir procéder aux formalités d’importation et d’exportation des marchandises à la frontière.
Vous en apprendrez davantage à ce propos au cours des semaines à venir.