30
oct
2018

Les entreprises demandent de la clarté

À la recherche des lignes roses

Au sommet des 17 et 18 Octobre, l’atmosphère s’était détendue entre le Royaume-Uni et l’Union. La balle est maintenant dans le camp de la Première ministre britannique: c’est à Theresa May que revient d’élaborer des propositions réalistes à Londres. La partie s’annonce difficile, alors que les entreprises demandent de la clarté et plaident en faveur d’un arrangement qui puisse fonctionner dans la pratique.

Sur le plan du contenu, le dernier sommet européen de Bruxelles fut un coup dans l’eau. “Mais c’est déjà une nette amélioration par rapport au sommet de Salzbourg qui s’est tenu il y a un mois”, nuance Jan Grauls, Senior Advisor chez EY. “Par exemple, l’Europe a proposé de prolonger d’une année la période de transition entre la sortie du Royaume-Uni, le 29
mars 2019, et le 31 décembre 2020. De ce fait, nous aurons davantage de temps pour définir les nouvelles relations entre l’Europe et le Royaume-Uni.” Entre-temps, la nervosité gagne les entreprises des deux côtés de la Manche.

“Le scénario d’un no deal est sur la table de nombreuses entreprises, et c’est indispensable”, embraie Franky De Pril, Partner EY Global Trade. “Les PME belges ont commencé à mesurer l’impact du Brexit, surtout depuis l’été dernier. Nous les aidons à imaginer une stratégie destinée à atténuer les risques et à identifier les opportunités.” La possible prolongation de la période de transition n’est pas la première option pour les entreprises, affirme Franky De Pril: “Rien n’est pire que l’incertitude. Les univers politique et économique évoluent clairement à des vitesses différentes. Mais si un accord peut être trouvé durant cette prolongation, on pourra s’en réjouir.”

“Le scénario d’un no deal est sur la table de nombreuses entreprises, et c’est indispensable.”
Franky De Pril, Associé EY Global Trade
Tweet quote

Lignes roses

Les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne peuvent grosso modo être scindées en deux grandes parties. “Le régime de sortie est en partie bouclé: le principal obstacle demeure la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord”, analyse Jan Grauls. “Les négociations au sujet des nouvelles relations commerciales ne pourront débuter que lorsque cet obstacle aura été surmonté. Nous attendons cependant une déclaration politique sur les futures relations UE-Royaume-Uni avec le premier accord. Initialement, cette déclaration devait rester assez générale, mais à la demande des entreprises notamment, on aura peut-être droit à un texte plus élaboré et détaillé. Michel Barnier, qui dirige les négociations pour l’UE, plaide en faveur d’un accord de libre-échange ambitieux qui s’accompagnerait d’une collaboration réglementaire et douanière spécifique. Pour que ce soit le cas, certaines ‘lignes rouges’ devront légèrement rosir à Londres.”

“On remarque que le gouvernement et le monde politique britanniques, surtout, lancent une foule d’idées dont la plupart sont difficilement applicables sur le plan opérationnel pour les entreprises. Une union douanière serait préférable à un accord de libre-échange pour nos entreprises… Quoi qu’il en soit, il est grand temps, pour toutes les entreprises, d’analyser leurs relations avec leurs consœurs britanniques. Une préparation efficace leur permettra de réagir rapidement, quelle que soit la solution qui sera finalement adoptée.”

“Le principal obstacle demeure la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.”
Jan Grauls, Senior Advisor chez EY
Tweet quote

Deal or no deal?

L’objectif était de sceller l’accord sur le Brexit à l’occasion d’un nouveau sommet en novembre. Dans la mesure où aucune difficulté n’a été tranchée au sommet des 17 et 18 Octobre, ce calendrier a été abandonné. Le prochain rendez-vous est fixé au début de décembre. Il restera alors trois mois avant que le Royaume-Uni ne quitte l’Union Européenne. Si un accord est trouvé, la période transitoire devrait être plus calme. Sans accord, ce sera le chaos des deux côtés de la Manche. Il est très possible que ce qui se passera à Londres dans les jours prochains soit décisif, dans un sens soit dans l’autre.

Jan Grauls
Senior Advisor chez EY
+32 2 774 6027
Franky De Pril
Associé EY & EMEIA Global Trade Leader
+32 2 774 9484